Extrait issu des 4 pages consacrées au pilote (tome II)
Septembre 2020, c’est la rentrée suite à six mois d’interruption inédite de rallyes (Pandémie virale du Covid). Le soleil enflamme la caravane du championnat en offrant ses rayons les plus ardents. A l’ombre de son camion d’assistance, je rencontre Fabrice Rivet. Ça tombe bien, il est homme à apprécier les endroits plutôt en retrait.
30 ans de présence sur le championnat en tant que pilote/constructeur, si vous deviez résumer cette période en quelques mots ?
30 ans de bons moments à exprimer et exploiter mon « savoir-faire ». 30 ans à construire des autos avec une grosse liberté de conception (vice champion de France sur un proto « maison » en 1988, bien entendu marquées par plusieurs étapes d’évolutions. Est-ce un bien ou un mal ? Faut-il regretter la période d’avant ? En tant que constructeur, je ne le pense pas malgré la répercussion sur des investissements financiers plus conséquents qui en découlent.
Vous avez connu la discipline avec ses hauts (fin des années 80) et ses bas (milieu des années 90). Avez-vous envisagé un jour de vous en éloigner par lassitude, par inquiétude ou pour d’autres raisons ?
Les années 90 ont débouché sur une période de règlementation technique plus restreinte dans les organes de sécurité qui ont bloqué nombre de concurrents. Nous, constructeurs, avons dû faire le dos rond. J’ai patienté car la liberté professionnelle que j’exerce depuis 1988 ne s’achète pas. Après, d’autres disciplines parallèles m’attirent comme le VH en rallye asphalte.
Parlez-moi du proto 206 !
C’est la voiture la plus belle, la plus aboutie de ma carrière. Celle qui m’a le plus résisté tellement j’ai bataillé. Je suis parti de l’Opel du Trophée Andros conduite par Dayraut et Muller découverte. Bien rentré dans ce concept unique en tout terrain, je me suis aperçu que je ne pouvais plus faire marche arrière afin de revenir au traditionnel. Projet très long (quatre années), très dur, autant physiquement que psychologiquement. La 206 était efficace à son époque. Technologiquement un régal mais complexe à mettre au point. Le souci principal fut le lieu d’implantation des éléments mécaniques avec le choix de l’imposant BMW 3 litres. L’évacuation des calories a torturé mes méninges. Complexe à la maintenance et en course (accessibilité quasi nulle).
Elle était extraordinaire à piloter. Si je pouvais refaire cette auto avec les trains roulant plus évolués qu’on sait faire aujourd’hui, le produit fini serait quelque chose de fabuleux.