Oh putain, ma Simca 1000 !
Extrait issu des 8 pages consacrées au pilote (tome II)
A quand remonte votre lien au sport auto ?
Mon permis en poche, je me suis acheté une Dauphine. J’aimais me balader avec mon voisin et lorsque nous roulions sur des chemins de terre : « Max, il faut que tu fasses du sport auto. Ils font comme ça à la télé !». Sans jamais avoir ouvert la moindre revue dédiée à ce sport, son idée a fait tilt. C’est en 1970 que j’entre véritablement dans le monde de l’automobile pour ne plus jamais le quitter. L’autocross me semble la bonne opportunité pour débuter. J’emprunte une Simca 1000 à un copain qui ne s’en servait plus. « Vas y. Fais ce que t’en veux ! ». Strictement de série, j’ai pris une valise à ma première course. Elle sera découpée pour l’épreuve suivante. Elle ne pesait plus que 400 kg. Fier de mon œuvre, je l’ai présenté à mon pote : « Oh putain, ma Simca 1000 ! » ; « Ben, tu m’as dit d’en faire ce que je veux». Elle a gagné des courses. Un jour, j’ai pris le départ avec des pneus de tracteur déclenchant les rires de mes adversaires. Qu’est-ce que je leur ai mis ! On jonglait avec les moyens du bord. Lorsqu’elle a ferraillé, je me suis essayé au rallye goudron avec une vielle BMW groupe 2 échangée contre un bateau (une histoire rocambolesque). Sans note, avec mon ami voisin, nous nous sommes inscrits à un régional de bonne notoriété « Le Georges Granger ». Nos licences prises à la journée. Sur place, je découvre un autre monde à entendre parler les mecs : tel rapport dans tel virage, tel type de pneu, telle spéciale reconnue cinq fois. C’était tellement sérieux que l’inquiétude nous gagnait. En course et sans note, nous faisions tout de même quelques bons temps. A une spéciale de la fin qui devait se courir de nuit : modification importante du parcours, des notes sont affichées sur un tableau noir. Pendant que mon coéquipier s’exécute comme nos adversaires à les recopier, je pars acheter une lampe de poche. On fait le meilleur temps avec quelques secondes d’avance. Là, j’ai commencé à croire en mes qualités de pilote. Déçu par la mentalité du goudron, je suis retourné en autocross avec l’intention de rouler sur une monoplace.
Je découvre dans Echappement une annonce d’un constructeur Buffalo. Je tente un pari. « Allo, il paraît que vous construisez des monoplaces, ça m’intéresse. Seulement je n’ai pas de sous, vous pourriez m’en donner une ? » « Comment ? Vous plaisantez ?? » J’argumente. J’insiste jusqu’à obtenir un rendez-vous. Me voilà parti pour trois heures de route vers Strasbourg… « C’est vous? Je pensais que vous n’auriez pas osé venir. Vous ne manquez pas d’air ! » «Je ne manque pas d’air, je manque seulement d’argent ». On a mangé ensemble à midi, on parlait le même langage. 15 jours plus tard, j’ai récupéré chez lui mon châssis. Avec l’argent économisé, j’achète un 1000 Gordini double arbre. Sans pièces de rechange, j’ai contacté directement Amédée Gordini qui venait de déménager ses ateliers dans un entrepôt de chez Renault, lequel m’a filé un tas de pièces neuves. « Vas y petit sers toi ». Fallait oser demander à ce ponte sacré. Son moteur était fabuleux, ça allait aussi vite qu’un 1300 et ça valait 120 chevaux à 11 000 tours. Parfaitement équipé, j’ai remporté un tas de courses. Trop ? Ajoutés aux accrochages inéluctables sur ces courses en peloton… en butte permanente avec les adversaires, il me fallait trouver autre chose.
L’autre chose sera le tout terrain qui devient à la mode depuis le début des années 70.
Discipline que l’on m’avait vantée, agréable par sa simplicité et caractérisée par l’absence de reconnaissance. Je me lance avec une vielle coccinelle sur laquelle je greffe un moteur de Chevrolet Corvair. Evidemment aucune performance pour ce mariage impossible entre ces deux choses-là. Comme Pagani gagne le rallye sur un strakit. Allo Strakit … « Je voudrai une auto. Je vais vous gagner des courses. Comment on peut faire ?» Cette fois ci, le coup de Buffalo ne marche pas, mais j’acquiers un châssis neuf à un très bon prix.
Pourquoi dites-vous LA Strakit et non pas Strakit comme tout le monde ?
Parce que pour moi, c’était LA Famille. Avec Chatriot, Susset, Pagani, Carlotti, les patrons Lefort et Le Gourrierec, nous formions une fine équipe, hyper soudée. Des bourres terribles sur la piste et de sacrées parties de rigolade en dehors.
Il paraitrait que ce n’était pas triste…
On en a fait des vertes et des pas mures ! Au palmarès du bon vivant, François Chatriot tenait la corde. Il ne donnait pas sa part au chien ! Le samedi soir, pas grand-chose nous arrêtait. Je me souviens d’un rallye sur Nancy, un des plus beaux de la saison du reste, où nous avions réservé un restaurant. Dans la salle, il y avait toute une équipe de belges qui était venue courir. Ça a commencé par un quignon de pain qui faisait des allers retours. Et puis avec un peu d’ivresse et beaucoup d’euphorie, c’est devenu la guerre. Les tables à l’envers, l’un d’entre nous a cassé une chaise en plastique pour se fabriquer des projectiles. La vue du patron au téléphone nous a rapidement poussé à déguerpir avant que ça ne finisse mal. Evidemment, on était en train de destroyer sa salle ! Battant en retraite, les Belges retrouvés seuls ont crié victoire… jusqu’à l’arrivée des gendarmes qui les ont rapidement fait déchantés ! Le lendemain, on n’était pas fier en lisant les faits dans le journal.
Une autre fois, dans notre hôtel, .....